Le Magasin des Suicides de Jean Teulé, 2007

Couverture du roman de Jean Teulé

Avec un titre comme ça, inutile de vous dire que mon Kobo me brûlait les doigts, j’avais le cynisme en ébullition, l’humour noir en bandoulière : bref, je me régalais d’avance.

 

Eurk

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Re eurk

 

Quelle ne fut pas ma déception! Sur une échelle de un à moisi, ce livre se place au moins à soixante-quinze. Et encore! En échelle logarithmique (sinon ça n’aurait aucun sens!). Sans déconner, je veux bien me faire prendre pour un débile léger, mais là, faudrait pas me confondre non plus avec une cheerleader analphabète (quoique je porte le pompon avec une élégance certaine).

Donc l’histoire en deux mots : dans un monde où la vie est triste, un petit commerce fleurit : le Magasin des Suicides. Tout pour vous suicider dans les règles de l’art : satisfait ou remboursé. Les tenanciers de l’endroit ont trois enfants dont le petit dernier, Alan, une boule d’amour facétieuse et zézayante se marie très mal au cynisme ambiant ce qui pose des problèmes à ses parents.

 

Hum ..

 

Madame Figaro (qui est donc, vous vous en doutez, ma référence en matière de critique littéraire) nous dit :

« Une fable déconcertante, grinçante et irrespectueuse, digne des Monty Python au mieux de leur forme, pour tous ceux qui voudraient mourir… de rire! »

Elle boit, la mère Figaro.

Première chose particulièrement horripilante : le nom des personnages. Tous ont le nom de grands personnages morts tragiquement : Mishima, Lucrèce, Alan, etc. Cependant, n’allez pas croire que ces prénoms mythiques influencent le caractère des personnages. Nenni. Que nenni même! Ce sont des noms balancés comme ça, pour faire genre. Et puis, bon, c’est un peu cheesy cette manière de flatter le lecteur dans le sens du cortex : ou bien il connaît les personnages cités et il peut rouler des mécaniques en toute complicité avec l’écrivain (oh oui, je la sens bien ta grosse culture) ou bien il ne connaît pas, et passe à côté et ne s’aperçoit de rien1, ni vu ni connu… Si vous doutez de cela, je vous renvoie aux pages où il nous explique, par le menu, que le petit Alan est nommé ainsi à cause du grand Alan Turing, inventeur du microprocesseur, du bris du code nazi, et suicidé d’une pomme empoisonnée, etc. Genre pour faire genre.

 

Deuxième chose fatiguante : l’humour.

Le côté cynique n’est qu’une très pâle copie de la Famille Addams : tout ce petit monde passe son temps à inventer ou à préparer des manières d’occire son prochain dans une langueur entrepreunariale. Déjà vu, déjà fait, en mieux dans le film de Barry Sonnenfeld, les effets comiques à deux balles en plus :

 

Alan, combien de fois faudra-t-il te le répéter? On ne dit pas « au revoir » aux clients qui sortent de chez nous. On leur dit « adieu » puisqu’ils ne reviendront pas. 

Pouet

 

Alors que reste t’il? Le style? Simple, certes, efficace, aussi, mais d’un ennui total, d’un inintérêt consommé, entre lire ça ou la notice de la posologie de l’aspirine, mon cœur balance.

Une succession de courts chapitres qui vont traiter méthodiquement de chaque personnage au détriment des autres, et une histoire finalement vraiment pas pertinente : un support en carton pour des blagues coquinettes sur le suicide.

Et même le parti pris du cynisme n’est pas tenu : on finit dans un arc en ciel écoeurant de paillettes, d’arc en ciel, de rose bonbon et d’amour familial… Un livre sur le suicide qui finit bien, si ce n’est pas débile!

Eurk

Eurk

Eurk

Alors je n’ai pas aimé. Pas du tout. J’ai trouvé ça à la limite de l’insultant tellement ce texte est vain. Alors, oui, sur la plage, sous un parasol, pour caler la glacière ou la hanche artificielle de grand-maman je ne dis pas, mais sincèrement, je vous déconseille de perdre 2 heures à lire ce bouquin, même en diagonale.

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