Confession d’un Automate Mangeur d’Opium, Collin et Gaborit, Motifs, 1999

Bonjour tout le monde !

Je continue donc mon cycle de lecture de romans de fantaisie française. Je dis «  donc » mais je pense que personne n’est vraiment au courant du fait que j’ai commencé un cycle de lecture de fantaisie française … je suis comme ca, j’ai un agenda secret et caché …. Après le cycle du Chromozone de Beauverger (dont j’aimerais vous entretenir plus longuement, mais il y a tellement à dire!) et celui du Sang des 7 Rois (qui lui aussi mériterait que l’on s’y attarde, mais que voulez-vous? Je n’ai pas le temps de tout faire, j’ai une vie formidable qui me prend un temps fou. C’est le problème d’être un être d’exception), je me suis attaqué au roman steam punk Confession d’un Automate Mangeur d’Opium, du même Fabrice Collin qui a fait (plus tard) Sunk.

 

Oh God! Ce n’est pas très bon.
C’est même un peu moisi sur les bords, dis donc!

Dans mes critiques, souvent je m’attarde sur l’enchâssement narratif, les processus de focalisation et autres fadaises narratologiques qui permettent de briller pendant une chasse à courre mondaine, surtout si vous portez un monocle. Eh bien, la preuve est faite, avec ce livre, que c’est finalement utile. Ahah ! Vous êtes surpris ! Oui ! La narratologie peut avoir un interêt ailleurs que sur un cheval !  Donc, en gros, il s’agit d’une enquête qui poussera les deux personnages à explorer Paris, à rencontrer des secrets d’État, des savants fous, un automate torturé, et à se poser des questions existentielles sur la vie après la mort.

Le programme aurait été tout à fait enthousiasmant si la structure du roman n’avait pas misérable. On oublie les récits enchassés, les variations stylistiques ou les contrepoints. Les auteurs ont opté ici pour une focalisation interne alternée (c’est la manière « chasse à courre avec monocle » de dire qu’on passe d’un personnage à l’autre en utilisant le « je »…). Artifice qui peut être tout à fait délicieux quand on fait l’effort de mettre en place un style différent par personnage (pensez à La Horde du Contrevent ou même Sunk qui faisait ça très bien), mais qui devient désespérant dans le cas inverse et ridicule si vos deux personnages restent collés ensemble comme une paire de cerises à longueur de chapitre. Du coup ça fait l’effet : « pendant ce temps-là, de l’autre coté de la porte entreouverte, notre héros voyait la même chose… »… on s’en fout tellement violemment que ça donne presque envie de faire des chorégraphies sur YouTube. Parce oui, Théophraste et Margaret vont se suivre de page en page en nous racontant leur point de vue respectif sur les mêmes événements…. Histoire d’être sur qu’on a bien compris… Ridicule.

La simplicité de la structure ne permet pas de déployer le récit qui, malgré une pléthore d’action, d’explosions et de robots tueurs et de drogue reste insipide et légèrement rébarbatif. Cela montre clairement que ce n’est pas tant ce qu’on raconte mais bien comment on le raconte qui est essentiel dans la construction d’un récit. L’histoire n’est rien sans un récit travaillé. Ce roman en est une preuve flagrante.

Ajoutez à cela qu’on ne vous épargne pas les détails insignifiants de leur vie (une ellipse, ça ne tentait à personne? Non? Bon…) et que les événements s’enchaînent les uns derrière les autres sans souffle, sans autre cohérence narrative que celle de la chronologie, et vous aurez une idée assez précise de la simplicité de la structure du roman. On est très loin de la virtuosité d’un Chromozone!

Enfin cerise mécanique (achivement unlocked : Cheap referencer ) sur le Sunday of the Fight (achivement unlocked : Kubrick I love you!) l’iconographie du roman est stéréotypée à l’excès : on retrouve donc un savant très très fou, un psychiatre en avance sur son temps, une actrice insupportable et régulièrement en danger de mort, un poète torturé par les affres d’une guerre alors-qu’il-était-trop-jeune-et-que-du-coup-ca-l’a-bouffé, des conspirations à dix roupies, des anciens dieux indiens qu’on pas rapport, une référence à Fritz Lang qui n’a pas plus rapport que les dieux indiens susmentionnés, et des personnages historiques qui ne font pas grand-chose dans l’intrigue et qui n’ont pas plus rapport que Fritz Lang (qui lui-même n’avait pas plus rapport que des dieux indiens… bref vous avez compris le principe, je pense)…

Donc au final, c’est probablement un bon roman pour jeunes lecteurs ou adolescents. Disons que je suis trop vieux maintenant pour tant de mièvrerie et que l’âme d’enfant qu’il faut pour apprécier ce genre de chose me quitte un peu plus à chaque cheveu qui me tombe du front.

Calvitie, je crie ton nom et je bois une nouvelle lampée du fiel de l’âge à ta santé!

 

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